Le val de la morte embrassée

Le val de la morte embrassée

de Michel Honaker

Editions Flammarion

"Étendue sur la pierre glacée, si belle au val ombragé,

ici et seulement ici, la morte peut-être embrassée.

Par son seul amour sur terre éveillée. Par le souffle qui rend la vie. Par le baiser.

Venez dîner en mon manoir demain soir à huit heures.

Lord Blake Denholm"

Voilà l'invitation pour le moins mystérieuse, qu'a reçu Jubella, une jeune journaliste free-lance,

provenant d'un homme d'affaires jadis puissant et richissime, maintenant retiré au fin fond du Sussex.

De quoi titiller la fibre enquêtrice de la jeune femme !

Arrivée au vieux manoir, qui croûle sous le poids d'années de manque d'entretien et de travaux,

la jeune femme fait une première étrange rencontre : Ivan, le majordome à l'allure quelque peu loufoque.

Puis elle rencontre enfin l'énigmatique expéditeur du message qui l'a mené ici,

un homme d'âge mûr, élégant, chaleureux, mais qui semble ne plus avoir toute sa raison.

En effet, celui-ci lui révèle l'existence d'Éveilleurs, des êtres dotés de la faculté de ranimer un mort,

des "princes charmants", qui comme dans les contes de fées si connus, éveillent la princesse,

par un baiser, l'arrachant non pas au sommeil, mais à la mort elle-même.

Il lui dévoile en même temps, l'existence d'une toile inconnue du peintre britannique Turner,

une oeuvre envoûtante, illustrant cette révélation : "Le val de la morte embrassée".

Lui-même serait le dernier de ces êtres au pouvoir hors du commun.

Jubella, qui pensait tenir avec cette interview de Denholm un bon moyen d'être publiée,

se retrouve avec les paroles un peu folles et confuses d'un vieil homme,

persuadé d'être sur le point de se faire assassiner, à cause de son pouvoir exceptionnel.

Convaincue de passer la nuit sur place, pour éviter un retour tardif dans la capitale,

Jubella passe une nuit quelque peu agitée, avec l'impression que quelqu'un a pénétré dans sa chambre,

puis cette silhouette fantômatique aperçue depuis la fenêtre....

Son réveil ne sera pas plus serein : la police a envahi la vieille demeure,

son hôte a été retrouvé gisant dans le jardin.

Un doux parfum de mystère flotte sur ce roman !

Jubella la jeune journaliste en mal de publications, pensait tenir une bonne occasion,

de rentrer dans les bonnes grâces des rédacteurs en chef avec l'interview de ce vieil aristocrate,

retiré du monde, qui dit-on, à une époque, avait même ses entrées à Buckingham.

Mais voilà que les évènements prennent une tout autre tournure que celle attendue !

Jubella se retrouve dans une spirale infernale, composée d'enquêtes entre Londres, Paris et Prague,

de mystères, d'une toile de maître, d'un pouvoir paranormal étonnant,

d'une "société secrète" qui semble vouloir éteindre à tout prix ce don, en tuant leurs possesseurs...

Un seul (petit) regret, la psychologie des personnages trop effleurée à mon goût,

j'aurais aimé mieux connaître ce vieux Lord si charmant, la dynamique Jubella,

Even, ce jeune homme passionné de peinture.

Et en même temps j'ai l'impression que c'est un parti-pris de l'auteur,

pour un roman vif et court, à l'action omniprésente.

En tout cas j'ai encore passé un très bon moment, emportée par la plume de Michel Honaker !