Le petit cireur de chaussures
Le petit cireur de chaussures
de Dominique Curtiss, illustré par Emilie Dedieu
Editions des Samsara
Kim est un jeune garçon vietnamien. Il vit chez Mr Tran, un coordonnier aisé,
qui emploie de jeunes garçons, en échange d'un endroit où dormir et de deux repas par jour.
Kim est cireur de chaussures, il parcourt chaque jour la ville de Hanoï à la recherche de clients,
qui auraient besoin de voir leurs souliers nettoyés et lustrés.
Ce jour de mousson, peu de pieds sont enfermés dans des chaussures,
et Kim se retrouve sans le moindre client, sans le moindre sous à rapporter à Mr Tran.
Il sait d'avance ce qui l'attend : des remontrances du vieil homme, sa paillasse avec les cochons,
être privé de sa soupe du soir pour lui caler l'estomac.
Alors qu'ils venait de s'asseoir un instant au bord du Lac Ho Hoan Kiêm,
il repense à ses parents, trop pauvres pour l'élever et le nourrir, et qui l'ont confié à Mr Tran.
Le jeune garçon s'inquiète de son retour chez le coordonnier...
Quand soudain il entend une voix, mais d'où provient-elle ? Du lac ? Impossible.
Et pourtant, une tête émerge de l'eau, celle de la Tortue Légendaire.
Celle-ci propose au jeune garçon de l'aider, si il lui porte lui aussi secours...
Cette histoire, à la fois triste et pleine d'espoir, nous emporte en Asie, au Vietnam précisément,
où l'on suit l'aventure toute particulière de Kim, ce jeune garçon qui travaille pour un homme cupide,
qui fait travailler dur, sans la moindre compassion, ni le moindre salaire, ses petits employés.
Dominique Curtiss nous livre une histoire pleine d'optimisme et d'humanisme,
où à travers l'aide d'un personnage de légende, Kim va pouvoir venir en aide à ses amis,
mais aussi à celui qu'il pensait n'avoir besoin de rien de plus que son argent.
Emilie Dedieu nous emporte pour un voyage dépaysant, au fil de ses illustrations
pleines de douceur et de lumière.
Si j'ai aimé cette histoire, peut-être un peu trop "idéaliste",
(mais cela fait du bien aussi de lire parfois des histoires positives, même si peu réalistes,
le réalisme n'est pas le but premier d'une histoire contée à des enfants),
j'ai été particulièrement gênée par un terme utilisé en toute fin d'ouvrage, en "conclusion" :
"Elle est aussi l'histoire de tous les enfants qui, partout sur notre terre, quels que soient leurs races,
leurs couleurs ou leurs pays, sont utilisés par des adultes, selon leur bon vouloir pour les servir et travailler pour eux."
(Citation de Mr Kamel M'Rad, éditeur de l'album)
Le mot "race" dans ce paragraphe me gêne, à mon sens, à celui que je souhaite partager avec mes enfants,
que nous soyons grands ou petits, que nous ayons la peau claire, mate, ou noire, les yeux sombres ou clairs comme de l'eau,
bridés ou en amande, que nous soyons minces ou tout en rondeurs, qu'il nous manque un bras ou une jambe,
que l'on se déplace en fauteuil roulant, avec une canne, ou sur nos deux jambes...
Nous ne faisons partie que d'une seule et unique "race" : l'espèce humaine.
Ce terme m'a d'autant plus chagriné, que l'ensemble de l'album tend à dénoncer les maltraitances,
les inégalités sociales, touchant les enfants de par le monde.